Fongo, TextMe, TextNow, Talkatone, OnOff et les applications pour avoir un numéro canadien…

Je pensais faire un article sur un sujet plus large: celui d’utiliser un forfait local plutôt qu’un forfait non canadien au Canada. Au final, je me suis rendu compte que cet aspect méritait son propre article pour être développé correctement.

Je n’ai hélas pas de solution de ce type dont je suis fan pour recommander à tous. J’aimerais changer d’avis. Sans détailler les défauts de chacun, voici quelques points que vous devriez vérifier au plus tôt avant de trop donner un numéro associé à un tel service.

Personnellement mes critères incluent des critères de confiance, de qualité de service, de prix vraiment intéressant pour quelqu’un qui paye déjà un forfait, etc. Vos critères peuvent être les vôtres, et je ne remets pas en cause le fait que certaines de ces applications jouent un rôle positif auprès d’un public avisé ayant des besoins différents.

Aucun des noms cités doit être disqualifié pour la simple raison que je le mentionne, bâtissez plutôt votre propre checklist, renseignez-vous sur les aspects auxquels vous pourriez ne pas avoir pensé, et choisissez par vous même.

Les défauts ne s’appliquent pas tous à l’ensemble des services. Chaque service a ses qualités et ses défauts même si certains reviennent plusieurs fois. Cependant pour souscrire une offre il est préférable d’avoir au moins un service qui coche toutes les bonnes cases du besoin.

Le choix des zones géographiques (area code): plutôt bon

Un numéro Nord-Américain, USA ou Canada, possède le code pays international “1” (le plus simple au monde).

Après le code pays, vient le area code ou indicatif régional. Avec la croissance de nombre de numéros il y a eu beaucoup de changements depuis la mise en place du plan de numérotation (North American Numbering Plan ou NANP).

Les codes 514 et 438 correspondent à un numéro québécois de Montréal, 418 correspond à un numéro de la ville de Québec, etc.

Sans lister tous les codes, il faut noter que certains fournisseurs de téléphonie cellulaire aveint déjà en 2016 de la difficulté à fournir un 514 (le préfixe historique de Montréal) et donnaient donc un plutôt 438 (préfixe additionnel de la même zone). Malgré cela, en 2024, il semble possible avec la majorité des applications de trouver son bonheur côté indicatif régional.

Cela ne veut pas dire que la suite du numéro est forcément similaire à un fournisseur normal malheureusement… Cf un exemple de numéro détecté invalide selon Whatsapp dans la suite de l’article.

Un besoin de prix compétitif: une non-gratuité qui en surprend plus d’un…

Notons que je ne critique pas le fait que des services soient payants. Sur ce site je parle de plus d’un bon service payant avec un intérêt certain.

La notion de surprise n’est pas nécessairement non plus à considérer exclusivement de la façon dont chaque service décrit ses offres. La réalité est que les noms circulent autrement que par les entreprises fournissant les services, et que c’est souvent dans ce cadre que les services sont décrits comme gratuits…

Oui il y a des services gratuits, mais ils ne sont gratuits que si les limites vous conviennent.

Limites typiques de la gratuité

Voici des raisons typiques de finir par payer, certaines seront détaillées dans leur propre point plus bas:

  • de la publicité parfois excessive/intrusive
  • la nécessité de pouvoir répondre aux textes et appels
  • la nécessité de recevoir TOUT ses SMS sans filtrage (y compris les codes de validation)
  • la nécessité de pouvoir conserver son numéro dans le temps (sans critère d’activité bizarre vous mettant à risque)
  • le souhait de porter un numéro entrant

Contexte pour trouver un prix pas cher ou trop cher

Je trouve assez normal que des services soient payants, fournir le genre de service proposés par ces applications représente des coûts.

Notons donc que par prix compétitif, il faut remettre les choses dans le contexte. Les prix des services payants des applications ne sont pas forcément excessifs en eux-même, mais ces services sont souvent cités pour répondre à des gens qui payent déjà un forfait étranger, qui rajoutent donc par ces applications un surcoût, et qui visent à avoir un total nettement moins cher que ce que propose un forfait local.

Pour quelqu’un qui envisage de garder un forfait Français à 20 euros et qui trouve un forfait local à 29 avant taxes, le potentiel d’économies avec de telles applications est plutôt très bas…

Les pertes de numéro de certaines formules gratuites

Ces problèmes concernent plus les formules gratuites. Soyez très renseigné sur les conditions de conservation du numéro. Typiquement il faut de l’activité pour conserver un numéro, même en formule gratuite.

Soyez sûr de pouvoir faire ce quota d’activité. Mettez des rappels à votre agenda au besoin N’attendez pas le dernier moment, un imprévu peut arriver. S’il vous faut faire un appel qui “sert à rien” vers un service automatisé et raccrocher pour être détecté actif, faites-le même à une fréquence plus élevée que demandé.

Ou alors mettez dans votre budget le paiement de l’application.

La publicité dans les applications: parfois trop intrusive

La plupart des formules gratuites sont associées à de la publicité dans l’application mobile.

Certaines applications sont relativement correctes, d’autres sont assez intrusives sur le niveau de publicité.

Lorsque vous appelez ou envoyez des SMS avec les fonctions “normales” de votre téléphone, hors cas de virus ou de mauvaises applications, vous avez typiquement des écrans corrects sans publicité. Hélas en passant par les applications dont l’article est objet, la publicité est souvent très présente.

Pour moi, une publicité plein écran avec contenu imprévisible difficile à quitter c’est un gros non. Cela me gène même quand je suis seul, mais pensez que certains vont naturellement utiliser leur téléphone dans un contexte où l’écran peut être vu par d’autres, faire sérieux ou pas sérieux, etc.

C’est donc un contexte qui fait que beaucoup devraient considérer le prix des formules payantes plutôt que de croire que ça va être gratuit.

Le filtrage avec rançon des SMS entrants (SMS avec code de validation)

Certains des services vous laissent recevoir gratuitement beaucoup de SMS mais pas tous. Vous recevez les SMS d’un contact ou deux, puis au moment de recevoir un SMS avec code de validation, on vous apprend qu’il faut une formule payante pour recevoir ce type de message!

Voici des contextes où de tels SMS risquent d’arriver: vous donner votre numéro sur un site Web, une administration un marchand ou une banque a besoin de valider une opération, vous avez une double authentification quelque part, ou même vous essayez simplement d’avoir WhatsApp, Messenger, Telegram, Signal ou Viber associé au nouveau numéro canadien…

Fiabilité des appels entrants

Sur ce point, on entend plusieurs discours, je vous invite à faire des recherches approfondies ou des tests avant de considérer que le numéro associé à un tel service est fiable pour répondre à vos besoins.

À noter que ce n’est pas forcément facile de faire passer sur la data mobile ce qu’il faut à temps pour avoir une même fiabilité pour les appels via une application que pour les appels normaux. Je peux vous dire que c’est un challenge technique inhérent à ce type de solutions. Le problème ne vient pas que de l’application, il vient aussi du réseau mobile utilisé pour les données.

Néanmoins, si vous donnez un numéro de téléphone, votre interlocuteur aura plus souvent l’attente d’une expérience similaire à numéro normal.

Ce n’est pas comme lorsque deux personnes utilisent la même application connue avec ses limites (si vous utilisez Microsoft Teams ou Zoom en visio, typiquement les imprévus techniques sont un phénomène connu des deux).

Les communications sortantes souvent payantes

Sur ce point c’est peut être déjà évident mais pas forcément pour tout ceux qui conseillent les offres gratuites…

Typiquement on a pas juste besoin de recevoir, on a besoin aussi de pouvoir répondre par retour d’appel ou de SMS. Il est vrai qu’avec certains amis vous pourrez utiliser une autre solution comme votre autre numéro et qu’ils comprendront. Mais parfois il est préférable de pouvoir répondre de manière naturelle. Si vous retournez un appel avec un autre numéro, on pourrait ne pas vous décrocher aussi facilement, par exemple.

Les numéros “invalides” impossible à entrer

Vous avez eu un numéro par une application, il semble valide à vos yeux. Va-t-on vous laisser entrer ce numéro partout, va-t-il rentrer correctement dans tous les systèmes?

Hélas, rien n’est moins sûr.

J’ai déjà constaté qu’un numéro reçu via une application était impossible à utiliser sur WhatsApp. Au quotidien, vous dépendez probablement du fait qu’on vous laisse entrer vos numéros dans plus d’un système, idem lorsque vous donnez votre numéro auprès de banques, administration, fournisseurs de différents services, etc.

Je n’aime pas avoir ce genre de problèmes avec WhatsApp, mais je préfère voir moi-même qu’il y a un problème plutôt que d’en être avisé tardivement par des personnes ayant de la difficulté à décrire/comprendre ce qui se passe.

Notez que je décris un besoin et un problème, la responsabilité de ce genre de problèmes est un autre sujet, je n’ai pas assez creusé. Cela dit, lorsque des systèmes tiers ont des soucis chez eux avec de grands fournisseurs normaux, ils ont de l’intérêt à faire de l’effort de correction. Là je n’en suis pas convaincu.

La crédibilité de votre numéro local (“Spam probable”)

Oui vous pouvez obtenir un numéro qui donnera a première vue l’impression d’être un numéro local canadien, mais est-il toujours crédible?

De mon opinion, la dernière chose que vous voulez est que votre numéro suscite la méfiance.

Vous devez savoir que les canadiens reçoivent beaucoup d’appels d’arnaques, de menaces, etc. Ils apprennent donc à les ignorer. La technologie fournit même une aide pour cela.

Ça va être compliqué de savoir la logique exacte de Google/Android, d’Apple, et de fournisseurs de services tiers pouvant filtrer les appels.

Les mêmes applications fournissant un numéro trop facilement pour presque rien sont perçus comme outil de travail par bien des personnes malhonnêtes ciblant les canadiens depuis l’étranger. Les applications dont l’article est l’objet ne cherchent pas de tels mauvais clients, mais elles les subissent tout comme vous.

Idéalement il faudrait que les blocs de numéros fournis par le service que vous preniez soient plutôt utilisés pour des clients qui s’identifient sérieusement, soient retraçables au Canada ou payent un montant dissuasif. Sinon votre numéro pourrait ressembler trop à ceux de blocs fortement utilisés par des escrocs.

Le numéro que vous obtenez pourrait même avoir été déjà utilisé par quelqu’un de douteux.

La réaffectation trop rapide des numéros perdus

Avec un fournisseur normal, quand des pratiques visent à garantir qu’un numéro passe un certain temps sans être utilisé avant d’être réaffecté, cela évite bien des soucis gênants.

Recevoir des communications qui ne vous sont pas destinés, c’est gênant. Être détecté comme quelqu’un d’autre sur WhatsApp, ça l’est aussi.

Notons qu’il y a réaffectation trop rapide, et perte du numéro trop rapide par autrui. C’est peut être la combinaison des deux qui provoque la malchance…

Portage du numéro entrant et sortant

Lorsque vous prenez un numéro ailleurs avec un fournisseur “normal“, le numéro est comme étant le votre, vous pouvez le garder en allant ailleurs et surtout c’est souvent simple.

Faire rentrer un numéro tiers dans les services de certaines de ces applications est possible. En fait, je n’exclus pas que ce soit une piste intéressante pour avoir un numéro sans problème: payer une carte prépayée d’un fournisseur normal, et porter assez vite le numéro. Faites vos recherches au cas par cas, cela dépend du fournisseur recevant le numéro. Certaines n’acceptent ça qu’en formule payante par exemple.

Faites vos recherches à l’avance sur les portages sortants pour ne pas avoir de surprises. Sur ce sujet, faites-les dans les deux langues. À noter que les applications ne sont pas forcément considérées comme équivalentes à un fournisseur de services cellulaire mais peuvent être dans la catégorie ligne fixe (landline) ou VOIP.

J’ai lu des histoires de ratés, j’espère que ce n’est pas représentatif.

Les évolutions des offres

Cela arrive qu’une application commence sans trop de défauts puis fait évoluer l’offre de manière défavorable. Si vous connaissez bien la concurrence et que le portage est une option, vous devriez vous en sortir.

Mais ça renforce l’importance de ne pas ignorer le sujet du portage et de bien vous renseigner sur l’offre actuelle et de ne pas être trop influencé par une popularité due à des choses du passé.

Vous ne pouvez pas forcément prévoir le futur, moi non plus, mais vous pouvez être prêt et un minimum libre pour pouvoir réagir.

Le support ou service client

Certaines informations ne sont pas dites à tous. Si pour un des sujets de vérification, vous ne trouvez pas l’information de manière officielle, envoyez un message et voyez s’ils peuvent vous rassurer par réponse écrite.

Vos objectifs, vos besoins

Rappelons que les objectifs et besoins de chacun sont différents.

Pour quelqu’un qui espère faire une bonne affaire en conservant son forfait français pour s’installer au Canada, je ne suis pas très convaincu.

Cloisonner les activités avec plusieurs numéros

Pour quelqu’un qui paye déjà un forfait canadien, qui a déjà un numéro canadien “normal” et qui a besoin de plusieurs numéros pour cloisonner des activités, j’ai comme l’impression que le type d’applications objet de l’article pourrait aider énormément.

Les besoins très temporaires (comme un CV depuis l’étranger)

Dans certaines circonstances, le besoin est très temporaire et la balance penche en faveur de l’essai.

Certains vont mettre le numéro sur un CV avant d’arriver au Canada. Ça peut être mieux qu’un numéro étranger. Parfois il faut se débrouiller pour tenter sa chance. Quitte à redonner un autre numéro rapidement après l’arrivée au Canada.

Protocole de test envisageable avant de communiquer un numéro obtenu via une application

Vous n’êtes pas obligé de foncer tête baissée ou d’abandonner suite à la lecture de cet article. Parfois vous aurez l’impression qu’une telle application peut vous servir, en particulier si vous avez certains besoin. Voici une approche possible, plutôt pour ceux qui ont besoin de se rassurer:

  • être prêt à payer un peu, même si ça ne débouche pas
  • relire cet article, faire votre propre checklist
  • compléter vos recherches en français et en anglais, compléter votre checklist
  • envisager la solution de porter un numéro entrant obtenu via un fournisseur normal (en prépayé par exemple)
  • dès que votre numéro est chez le fournisseur de l’application, premier tests succincts appels et SMS entrants et sortants
  • entrer le numéro dans Whatsapp, Telegram, Viber, Signal et vérifier que tout fonctionne reste normal dans ces applications
  • faire des essais plus poussés de qualité/fiabilité dans différents contexte (wifi, données mobile, au moment ou vous constatez que la vitesse est ralentie sur les données mobiles, etc)
  • vérifier que vous avez coché toutes les cases de votre propre checklist et que ça en vaut toujours la peine
  • si tout est bon, tout est bon 😉

Cela dit, n’en faites pas trop si c’est un besoin temporaire et que vous n’avez rien à perdre en prenant celui qui vous semble le mieux de la liste… Adaptez-vous au contexte.

Si les produits ne vous conviennent pas, ça reste une initiative à saluer quand même

Pour ma part, je trouve que ces produits ne peuvent convenir à tous. C’est gênant aussi pour ceux qui veulent garder un forfait français tel que Free Mobile et espéraient trouver une solution idéale dans une application gratuite.

Néanmoins, ce n’est pas parce que vous n’utilisez pas le produit qu’il ne contribue pas à faire bouger les lignes. La compétition aide aussi à stimuler les offres des fournisseurs de service celullaire plus classiques. Je n’ai pas la certitude exacte des raisons pour lesquelles il y a des meilleures offres locales, bien plus convenables qu’il y a plusieurs années. Cependant, je ne serais pas supris que Fizz, Free Mobile, Fonus et les applications objet de l’article aient joué un rôle.