Le CV au Québec et au Canada

Mauvais exemple de CV au Canada
Un mauvais exemple de CV au Canada…
Avez-vous deviné pourquoi?

Un vrai sujet pour beaucoup d’entre vous est celui de comment faire un CV pour obtenir un emploi au Canada. C’est très vrai pour un premier emploi, parfois encore vrai au second. En effet, ce n’est pas parce qu’un CV précédent est passé faute de meilleur candidat qu’il ne faut pas apprendre à faire de votre mieux.

Également appelé resume par les anglophones, c’est un outil indispensable pour postuler à bien des offres d’emplois.

Voyons ensemble quelques points de vérification, ainsi que quelques sources d’informations utiles.

Le contexte est la clé

Cela est vrai en France, cela reste vrai au Canada, votre CV doit être adapté au contexte.

Laissez-moi vous raconter une erreur courante.

Nombreux sont ceux qui viennent au Canada avec un “Permis Vacances Travail” (PVT), une des formes de permis ouverts, un des statuts qui permet de travailler légalement. Si cela n’a pas changé, il se trouve que la procédure de PVT demande un CV et donne des indications strictes sur la façon de le réaliser: pas de période non renseignée, préciser certains types d’occupation type recherche d’emploi, etc.
Ce document dit CV n’a en fait rien à voir avec un CV de recherche d’emploi, ça permet au Canada de faire des vérifications au besoin, c’est tout. Pourtant certains vont reprendre ensuite le même CV pour postuler.

Certains reprennent aussi tel quel leur dernier CV de France sans se douter qu’il y a des différences.

Enfin, sans en arriver jusque là, beaucoup donnent le même CV pour viser des emplois qui n’ont rien à voir. S’il est vrai que leur passé doit être honnête et ne change pas, il ne faut pas oublier que le CV est un résumé contextuel. Le degré de détail de chaque expérience et les faits mis en avant peuvent varier en fonction de ce qui est visé.

Vous pouvez très bien avoir une base commune que vous adaptez. En fait, il faut calibrer le temps que vous passez à chaque candidature, ni trop, ni trop peu. Il n’est pas interdit de donner exactement le même document à plein d’employeurs du quartier quand vous visez des petits boulots similaires. Mais sachez adapter votre CV lorsque c’est pertinent.

Oser l’essai

Si vous avez bien compris mon point précédent, votre CV va varier en fonction du contexte. Peut-il varier sans raison évidente?

Si vous êtes absolument certain de faire du mieux possible et que vous faites de la faible volumétrie en envoi de CV, pas forcément.

Mais si vous n’êtes pas sûr de ce qui marche, que vous faites des centaines de candidatures, vous pouvez toujours vous permettre de faire des expériences entre plusieurs versions valables qui ne se ressemblent pas, afin de voir ce qui marche pour vous.

La photo doit être absente du CV mais en fait elle compte quand même…

Ceci est un des aspects les plus contre-intuitifs.

Sauf exception, il est d’usage de ne pas mettre de photo sur un CV au Canada. En mettre une, c’est a minima montrer qu’on ne connaît pas les usages. A priori il y aurait des aspects de vie privée et de non discrimination.

Mais soyons honnête, il est courant que l’on voit votre photo avant de vous rencontrer et vous devriez avoir une photo qui donne une apparence correcte et sobre. Cette photo ne sera pas sur votre CV, mais plutôt sur votre LinkedIn (là où c’est rare de ne pas mettre de photo).

Ne me demandez pas de débattre sur le bien-fondé d’un usage, cet article n’est pas là pour ça.

Rappel quant aux autres réseaux sociaux non professionnels, ils sont non professionnels, aléatoirement consultés (ça dépend du poste et de l’attitude des recruteurs), mais essayez de maîtriser votre image et évitez du contenu gênant public.

Informations privées: on oublie

En France, il n’est pas rare de voir “célibataire”, “marié” sur un CV, avec le nombre d’enfants. Certainement pas sur chaque CV mais c’est courant.

Au Canada, cela ne s’écrit pas sur un CV. Ce sont des informations potentiellement discriminatoires, non pertinentes et il est mal vu de les écrire sur un CV.

Et pour 99% des postes, cela n’a pas à être divulgué avant l’embauche.

Pour l’adresse, typiquement on ne met pas l’adresse exacte mais une adresse approximative. “Montréal” suffit typiquement très bien si vous y vivez. Vous pouvez même préciser à partir de quelle date si c’est une date future connue.
C’est possible d’être modérément plus précis, à voir ce qui vous arrange.

Le format de page n’est pas A4 mais US Letter

Au Canada, comme dans toute l’Amérique du Nord, nous n’utilisons pas ou très rarement du papier au format A4. Le format correct est US Letter, également appelé Lettre É-U selon les réglages linguistiques du logiciel. En pouces c’est du 8.5×11, et en centimètres approximativement 21.6×27.9.

Si vous faites cette erreur de format, certains vous pardonneront mais ça saute vite aux yeux, surtout si on essaye d’imprimer.

Fond blanc, sobriété

Sur ces points il y a des choses qui relèvent d’habitudes et des points factuels.
En tout cas, un CV en lettre noir sur fond blanc c’est courant et pour bien des postes, cela est approprié.

Je vous propose un test simple si vous faites autrement:

  • imprimez votre CV tel qu’il est
  • ajoutez des marges blanches de chaque côté, parfois conséquentes sur certaines imprimantes
  • passez votre CV à la photocopieuse noire et blanc (avec un centrage potentiellement imparfait de quelques millimètres)
  • essayez l’impression directe de votre CV en noir et blanc

Il faut comprendre une chose, vous n’avez pas le contrôle sur les imprimantes imparfaites de l’entreprise où vous postulez par courriel… Très souvent du laser, parfois du jet d’encre, etc.

Il est vrai que souvent le CV ne sera pas imprimé. Mais j’ai déjà vu aussi un CV imprimé, posé sur ma table, pour que je regarde ça et que je donne mon avis, ou pour que je prépare une entrevue avec le candidat qui devait rejoindre mon équipe.

Ça peut être parfois mieux si votre CV ne pose ni de problème de lisibilité sur imprimante laser noir et blanc, ni de problème de lenteur en jet d’encre, ni de problème de surconsommation d’encre…

Après ce n’est qu’une opinion, donnée par quelqu’un de compréhensif qui plus est.

Projets de déménagement, statut d’immigration et autres

Il est vrai que typiquement un local ne met pas ça. Mais avez-vous le même historique d’emploi qu’un local?

Il faut aussi considérer le reste du CV. Si ça fait 10 ans que vous êtes dans la même ville au Canada, que ça se voit sur votre expérience, que vous postulez dans la même ville, typiquement il n’y a pas de besoin de rassurer l’employeur via le CV.

Si vous avez traversé l’océan, que vous êtes sur place, que vous avez un permis de travail ouvert, et que toutes vos expériences listées sont en Europe, vous pouvez ajouter ce qu’il faut pour qu’on ne vous prenne pas inutilement pour quelqu’un qui est encore en France avec des démarches longues à faire côté employeur pour un permis de travail fermé.

Numéro de téléphone canadien

Si vous mettez sans précision un numéro de téléphone qui n’est pas canadien, ne soyez pas surpris de ne pas être appelé. Sauf à envoyer votre CV à des personnes particulièrement renseignées prêtes à faire un effort….

Ce n’est pas parce que depuis la France certains opérateurs de téléphonie mettent en avant des appels inclus vers le Canada qu’un canadien sait appeler les numéros étrangers et sait à quoi s’attendre côté tarif. Ça peut même être cher.

Il existe plusieurs alternatives: mettre votre courriel et profiter de votre réponse pour donner en plus de votre numéro français quelques options (comme un appel visio via Skype/Teams ou autre). Vous pouvez aussi obtenir via certaines applications un numéro canadien (Fongo, TextMe). Attention il y a des défauts et c’est pas dit que vous garderez le même numéro à vie mais…

Article connexe: Fongo, TextMe, TextNow, Talkatone, OnOff et les applications pour avoir un numéro canadien…

Ne sous-estimez pas votre expérience canadienne (réelle ou potentielle)

La culture locale est différente de celle de votre pays d’origine. La façon dont est considéré un CV aussi.

Le bénévolat

Certains font du bénévolat et oublient de le mentionner alors que c’est leur seule expérience canadienne.
D’autres oublient qu’ils gagneraient à en faire.
Bien entendu ne faites que du bénévolat sincère. Vous devriez pouvoir y obtenir des lettres de recommandations sans chercher à faire illusion.

Les “petits boulots”

Ça ne sert à rien de mettre un long descriptif de chaque petit boulot ancien de votre pays d’origine, mais assurez-vous que toute expérience locale au Canada se voit bien sur votre CV. Si vous avez un permis ouvert, ça peut aider plus qu’une inactivité. Tout le monde ne travaille pas tout de suite dans son domaine au Canada.

Par contre, si vous vous plaisez “trop” dans cette expérience improvisée, gardez en tête que certaines expériences ne comptent pas pour certaines procédures de demande de permis de travail futur ou pour certaines procédures de résidence permanente.

En français ou en anglais

Sur ce point ça va dépendre du contexte.

Dans certaines entreprises au Québec il faut privilégier le français, dans d’autres un resume en anglais, dans d’autres c’est comme vous voulez. Parfois vous ferez un choix et on vous demandera dans l’autre langue. Essayez de deviner ce qui fait le plus sens selon ce que vous savez de l’entreprise.

Dans les provinces anglophones le choix est plus évident, même s’il faut rappeler qu’il y a des communautés francophones hors Québec.

Plus que quelques points dans un article

Voici quelques approches qui peuvent être intéressantes:

  • Vous pouvez essayer les modèles de CV proposés par des sites canadiens de référence, par exemple guichet emploi, parfois partir d’un bon modèle va vous aider…
  • Parfois quelqu’un dans votre domaine laisse son CV en ligne.
  • Très souvent, faute de CV d’autres personnes en ligne, vous pouvez apprendre en lisant sur des profils LinkedIn. Oui c’est différent d’un CV mais on retrouve beaucoup de choses.
  • Enfin il vous faut lire des conseils de sites de références.

Sur ce dernier point, je suppose que vous l’avez déjà fait, mais si ce n’est pas le cas indeed en parle, le gouvernement du Québec aussi, l‘oeildurecruteur en parle énormément (voir leur dernier guide du CV au Québec).

En cherchant un peu correctement, vous ne manquerez pas de trouver d’autres ressources. J’espère que faute de tout lister, mon article aidera plus d’une personne à corriger un ou deux points qui hélas échappent trop souvent.