Attention à la mode des retours d’expérience à la frontière (PVT mais pas seulement)

Sur de nombreux groupes facebook et forums, ressources très utiles par ailleurs, on retrouve régulièrement l’expression d’un goût de certains pour les retours d’expérience (REX) de passage à la frontière, notamment avec des démarches en cours type activation de Permis Vacances Travail (PVT), mais pas uniquement…

Laissez-moi vous dire les choses clairement: ce n’est pas un problème de lire, consulter, ou même s’exprimer à ce sujet, mais uniquement si on comprend certains principes…

frontière Canada / USA
La plupart des passages de frontières ne ressemblent pas juste à ça… L’expérience varie (illustration).

L’expérience d’autrui n’est pas un droit, votre expérience ne permet pas de promettre

Les règles sont les règles. Il faut se renseigner sur les règles. Ne contrevenez pas aux règles sous prétexte que d’autres sont passés à travers. N’encouragez pas d’autres à contrevenir aux règles (un tel conseil peut être parfois punissable).

On ne va pas vous dire à l’avance si un chien va vous renifler ou pas, vous ne pouvez pas non plus le dire à l’avance non plus. Enfin sauf personne ciblée à chaque fois avec raisons ou sauf paroles de prophéties, mais ce n’est pas le sujet de ce post… Ce principe de ne pas pouvoir garantir une expérience reproductible vaut pour l’ensemble du contrôle, pas juste le chien douanier…

Lorsque quelque chose ne va pas avec les retours d’expériences, c’est souvent ce point…

Exemples de choses avec lesquelles il faut être rigoureux

Voici quelques exemples non exhaustifs de choses avec lesquelles il faut être rigoureux sur les règles, peu importe comment les autres se font traiter:

  • les assurances lorsqu’obligatoires (par exemple pour un PVT) à noter que je n’encourage pas les autres à oublier le sujet au contraire (l’assurance santé c’est un sujet primordial pour tous)
  • les justificatifs de fonds lorsque demandé par une procédure
  • en exemption de visa: être prêt à justifier/détailler le projet pour convaincre l’agent si nécessaire (conditions de subsistance, moyens suffisants), même s’il est vrai que pour un touriste courte durée non habituel, très souvent ça sera expédié sans questions…
  • le contrôle “sous-traité” comme les documents pour embarquer en avion (AVE par exemple)
  • les produits interdits, les déclarations douanières…

Voici un exemple d’article de presse que je ne commenterai pas: Intercepté à Montréal-Trudeau, un Français doit payer 1300$ d’amende pour un saucisson sec sur 24heures.ca

Est-ce “normal” que l’expérience varie? En fait très probablement…

Je ne veux pas partir de débat sur l’équité ou la justice du fait que l’on ne se retrouve pas tous devant le même agent, ou du fait que les agents n’imposent pas le même contrôle à tout le monde. Vous avez le droit à votre opinion.

Laissez-moi juste présenter les choses de façon un peu plus pragmatique. Ce raisonnement n’a rien d’officiel mais il peut vous permettre de vous rendre compte qu’il y a plusieurs façons de voir les choses.

Le contrôle frontalier porte sur plusieurs domaines: droit d’être sur le territoire, procédures d’immigration avec nouveau statut obtenu, bien transportées (contrefaçon, produits illicites, agriculture, droits de douane), etc.

Chaque domaine peut prendre du temps à contrôler et consommer des ressources à la frontière. Si chaque personne était contrôlée au niveau maximum, il y aurait vraisemblablement une attente monstre, moins de passagers entrant par jours, et un coût énorme en personnel. Personne ne veut ça.

Bien que le personnel frontalier ne devrait pas s’appeler abusivement douanier à tout va, “le flair du douanier” est une expression qui traduit approximativement une certaine réalité.

Le passage frontalier est de plus assez organisé. Vous avez l’agent que tout passager rencontre, “inspection primaire” et vous avez un certain nombre d’agents vers qui les gens sont redirigés en fonction des besoins (immigration par exemple), des compétences, des suspicions…

Le risque de la situation faussement identique

En plus du caractère non systématique de certaines vérifications, il faut comprendre que les situations des autres sont souvent plus complexes que les quelques lignes ou quelques pages au travers desquelles les expériences sont décrites. Elles sont souvent même plus complexes que la façon dont la personne ayant vécu l’expérience le perçoit.

De la même façon, la situation personnelle de celui qui lit le retour d’expérience est aussi avec des détails et complexités.

Les règles sont souvent affaire de détails. Si les lois et règles étaient toutes simples et concises, le monde trouverait ça plus simple de les lire directement d’ailleurs…

Prenons un exemple de sujet sur lequel trop de personnes ont de fausses idées: une demande en cours auprès des autorités ne permet pas nécessairement un statut implicite le temps du traitement. Ce qui est vrai pour une demande de permis de travail ne l’est pas pour une demande de RP. Ceux qui ont le statut implicite pendant leur demande de RP l’ont parce qu’ils ont une autre demande en cours que la demande de RP.

Le risque des changements de règles

Voici un exemple de changement de règles fait de façon assez immédiate: Retour du visa pour les visiteurs mexicains au Canada article de presse sur Radio Canada

Bien entendu, ce n’est pas tout qui change aussi vite, mais il y a eu de nombreux changements ces dernières années, et très souvent après avoir vécu une expérience on a autre chose à faire que de vérifier que rien ne change pour les autres lorsqu’on ne se sent plus concerné.

Certains ont immigré au Canada sans étapes de biométrie, ça a changé aujourd’hui. Sur ce sujet c’est évident, connu, mais sur d’autres c’est plus subtil…

L’authenticité et la représentativité

Certains ne sont pas honnêtes dans leur retours d’expérience, même s’ils sont rares. Tous n’ont pas la même mémoire des détails ou la même observation.

Mais un problème plus sérieux est la représentativité. Selon la façon dont l’expérience s’est passée, les gens vont avoir envie d’en parler ou non. Si vous avez 20 personnes sur un sujet de retours d’expérience, ce ne sont pas 20 personnes prises au hasard et interrogées…

Les déformations et abus de langage courant

Bien des Français disent autre chose que la vérité en disant qu’ils ont obtenu leur visa pour le Canada. Sauf exception, un Français n’est pas concerné par le besoin d’un visa.

Notons que ce n’est pas un mensonge à proprement parler, mais un abus de langage. Ils disent “leur vérité” parce qu’ils confondent par exemple un permis de travail ou d’études avec un visa.
Ce type de confusion courante et d’abus de langage ne fait que rendre plus complexe la lecture des règles et retours d’expérience: d’autres nationalités ont réellement intérêt à rechercher les expériences d’obtention de vrai visa, et celui qui n’en a pas besoin pourrait être perdu dans les règles et passages officiels parlant du vrai visa.

Pour rappel: voir le site officiel canada.ca sur ce qui concerne les exemptions de visa

Prenez ce qu’il y a de bon dans les retours d’expérience

Il y a du bon dans les retours d’expérience, quand on les utilise de la bonne façon.

Parfois, ça se sait que faire un tour du poteau à tel poste frontalier terrestre, cela pose de façon habituelle plus de problème de refus pour cause d’affluence qu’à un autre poste frontalier.

Parfois, une expérience vous invite à relire les règles et à revérifier leur compréhension.

Bref, tout n’est pas mauvais, lorsque c’est avec discernement. Si vous en êtes capable, lisez-les de la bonne façon, et profitez-en pour ajouter des points oubliés sur votre checklist. Mieux que de juste les ajouter, demandez-vous pourquoi vous les avez oubliés, s’il faut relire des pages faisant référence faites-le.

D’autres types de “retours”

Les retours de ceux qui travaillent dans le domaine

Certains avocats, conseillers d’immigration, agents d’immigration s’expriment ici et là sur les réseaux sociaux ou les forums. Eux ont typiquement beaucoup d’expérience, en plus de connaissances théoriques plus complètes.

Bien sûr il faut faire attention à ce qu’on lit. Pour un mythomane en manque de crédibilité, s’inventer un profil fait souvent partie du jeu.
Néanmoins si vous avez le discernement, il y a des interventions authentiques de personnes très compétentes et expérimentées.

Une série télévisée

Attention: la série que je présente n’est pas vraiment représentative de l’ensemble des gens pour qui le passage se passe sans rien à dire, avec surtout de l’attente dans une file… Il faut également être prudent avant d’en tirer des déductions…

Cela fait même un certain nombre d’années que cette série de télé-réalité en collaboration avec les autorités canadiennes n’est plus produite et il y a des raisons à cela que je ne commenterai pas. Je ne sais pas si elle recommencera, un article de presse anglophone sur la CBC évoquait le sujet en 2018.

Cette série est “Border Security: Canada’s Front Line“. Voir la page wikipédia anglophone.
La série est disponible sur un certain nombre de plateformes de TV gratuite et de vidéos, je ne mets pas de lien direct car l’offre varie selon le pays depuis lequel vous êtes. Google devrait vous aider à trouver des options.

Conclusion

Mieux vaut être bien préparé, avisé, averti. Bien entendu je souhaite que votre expérience soit la plus fluide et satisfaisante possible. Si vous utilisez les retours d’expérience de la bonne façon, ils peuvent vous aider.

N’hésitez pas à revenir et à consulter nos autres articles sur Clair Canada.