Passer son permis de conduire au Québec?

Certains n’ont pas leur permis de conduire et découvrent qu’en fait en Amérique du nord, à bien des endroits une automobile est pratique, voire indispensable. D’autres ont simplement l’opportunité de passer leur permis de conduire au Québec. Dans cet article, on tente d’y voir plus clair sur le sujet.

Notamment pour que ceux qui arrivent de France ne soient pas surpris et sachent ce qu’il y a à savoir 😉



Cet article s’adresse surtout à ceux souhaitant un permis classe 5 (auto) et n’ayant aucun permis d’un autre pays. Pour les autres cas, je vous invite à vous réferer au site de la SAAQ.

Prérequis (obligatoires et conseillés)

Les prérequis obligatoires sont listés sur le site de la SAAQ et ils semblent plutôt faibles, cela comprend les aspects suivants:

  • avoir 16 ans ou plus (autorisation parentale nécessaire pour les moins de 18 ans)
  • vivre au Québec
  • avoir déjà de quoi justifier le droit de vivre au Canada pour plus de 6 mois (citoyenneté, RP, permis de travail ou d’études, etc)
  • (liste précédente sommaire, il y a des cas particuliers, notamment médicaux)

Néanmoins, il est très très conseillé de ne s’engager là dedans que si vous avez des raisons sérieuses de penser que vous serez au Québec jusqu’à l’obtention du permis, ce qui prend beaucoup plus que 6 mois (voir la suite de l’article).

Coût et modalités de paiement

Typiquement c’est très raisonnable comparé à d’autres pays. Pour un petit peu plus de 1000$ plus taxes vous pourriez avoir la formation théorique et le nombre d’heures minimum de pratique. Le paiement s’étale au cours des différentes phases.

Demandez le tarif des cours, ainsi que celui des heures de perfectionnement directement dans une école de conduite qui vous intéresse.

Le coût réel dépend surtout du nombre d’heures de perfectionnement que vous devrez faire en plus pour être prêt. Le nombre d’heures obligatoire correspond au minimum légal, si vous êtes prêt avec ça tant mieux, sinon il faut compléter. C’est tout à fait possible de réussir avec très peu de pratique, rassurez-vous. Et ce n’est pas la France 😉

Vous devrez ajouter les coûts d’examen, et de location de voiture d’examen, mais c’est pas grand chose.

Choisir une école de conduite (auto-école)

C’est important de choisir une bonne école de conduite (terme utilisé au Québec pour auto-école), avec des disponibilités compatibles avec votre emploi du temps.

Même si Google Maps ne dit pas tout avec 100% de véracité, regardez les avis des écoles de conduite qui vous intéressent. Parfois certains problèmes sont connus et évitables…

C’est bon aussi d’avoir de bonnes recommandations de personnes que vous connaissez.

Attention aux questions naïves sur les groupes facebook. Une bonne école de conduite pour vous est déjà une école de conduite à un lieu qui vous convient! Ce n’est pas tout Montréal qui a intérêt à choisir la même école de conduite!

Vérifiez vos critères personnels. Certains ont surtout besoin d’avoir une école qui s’ajuste bien à leur agenda, d’autres sont eux-même flexibles. Certains ont besoin d’une excellente pédgagogie pendant les cours de pratique, d’autres font la pratique avec l’école parce que c’est obligatoire mais seront déjà très bien entrainés avec leurs parents ou amis… Bref tout le monde n’a pas le même profil d’élève!

De ce que j’ai cru comprendre, le transfert de dossier n’est pas un drame, au besoin envisagez-le et révisez votre choix.

Enfin parfois ça vaut la peine de faire toute la partie obligatoire dans une école et de prendre le perfectionnement (pratique en plus) dans une autre. Typiquement on le découvre en cours de formation.

Durées et étapes (anticipez)

Les premières étapes sont plutôt:

  • Trouver une bonne école de conduite
  • Pour les étrangers, confirmer la situation auprès de la SAAQ.

Une fois inscrit, les cours se passent en quatres phases: la première est purement théorique et débouche sur le permis d’apprenti conducteur, les trois suivantes ont des cours théoriques et pratiques.

Chaque phase a une durée minimale, je ne détaille pas la durée légale minimum de toutes les phases et vous laisse consulter ça sur le site de la SAAQ ou vos documents de formations. Par contre, voici certaines des durées à retenir:

  • Vous n’aurez votre permis d’apprenti conducteur qu’à l’issue de la phase 1, donc jamais moins de 28 jours après le début de votre formation (ça peut être plus long)
  • Vous n’aurez la possibilité de prendre RDV pour examen théorique à la SAAQ qu’au plus tôt 10 mois après le permis d’apprenti.
  • Pour l’examen pratique, il s’agit de 12 mois minimum après l’obtention du permis d’apprenti, et ce pour prendre RDV.

Donc en gros, ça veut dire que sans aucun second examen, avec les meilleures conditions d’avancement de cours théorique et pratique et les meilleures conditions de prises de RDV à la SAAQ, le permis classe 5 obtenu à la suite de l’examen pratique sera obtenu 13 mois grand minimum après votre inscription, et cela si vous êtes l’élève modèle, disponible quand il faut, avec une école de conduite également très disponible.

Je vous conseille d’être sûr d’avoir bien plus de temps que ça disponible devant vous prévu au Québec, ça peut facilement monter à pas mal plus.

Par contre, c’est un délai de plus de 13 mois à prévoir après inscription, ça ne veut pas dire que ça vous occupera à 100% bien au contraire.

La phase 1, préalable au permis d’apprenti conducteur

La phase 1, c’est loin d’être toute la théorie mais c’est que de la théorie, et c’est la partie nécessaire pour obtenir son permis d’apprenti conducteur. La durée minimale est de 28 jours.

Envisagez de la réussir au plus vite car une phase 1 qui prend plus longtemps décale vraiment tout le reste (c’est moins grave de prendre une pause en phase 2, 3 ou 4).

La phase 1 se termine par un mini-examen théorique plutôt facile dans votre école de conduite (pas à la SAAQ, ça c’est un autre examen ultérieur).

Le permis d’apprenti conducteur (conduite accompagnée possible)

Avec le justificatif de réussite de la phase 1, la SAAQ vous donne un permis d’apprenti conducteur.

Ce permis d’apprenti permet une sorte de conduite accompagnée utile pour gagner de l’expérience. Il y a des conditions sur le permis de l’accompagnateur et un couvre-feu.
Mais cela n’est qu’une permission et non une nécessité. Plus facile de réussir avec de l’expérience mais pas besoin de compter vos heures de conduite accompagnée en dehors de l’école, même si vous en faites zéro vous avez le même droit au permis.

Le permis d’apprenti permet aussi surtout de faire le nombre d’heures de pratique obligatoires avec l’école pour la formation.

Enfin, cela permet des cours de perfectionnement pratique dans n’importe quelle école de conduite. Si vous avez du mal à avoir des RDV pour des cours pratiques dans votre école, vous pouvez très bien faire le juste minimum réglementaire dans votre école et compléter votre pratique dans une autre école.

Les phases 2, 3 et 4: un mix de théorie et de pratique

Je vous suggère de vous reporter au schéma fourni par l’école de conduite, mais dans chaque phase, vous aurez un nombre de séances de théorie à faire, et un nombre de séances pratiques.

Le total minimum de la pratique est d’environ 15 heures (15 séances de 55 minutes), et une des séances peut être de l’observation. Autant dire que c’est très peu, mais c’est le minimum obligatoire. Bien entendu, il faut être prêt pour l’examen au bout, donc plus d’un élève devra prendre plus que 15 heures avant de réussir…

Boîte manuel ou automatique?

Certaines écoles de conduite proposent des options pour apprendre sur boîte manuelle, mais typiquement on apprend avec une boîte de vitesses automatique, ce qui rend ça plus simple. L’examen peut aussi se faire en boîte automatique bien entendu.

Le permis obtenu est le même dans les deux cas, sauf à avoir une restriction spéciale imposée sur le permis (mais cette restriction n’est pas imposée à cause d’un examen sur boîte automatique mais en raison de motifs médicaux).

Après conduire une voiture à transmission manuelle, ce sont des compétences en plus: ce n’est pas parce que vous n’aurez aucune démarche administrative ou aucun examen supplémentaire que cela ne nécessitera pas un apprentissage selon votre propre bon sens.

L’examen théorique à la SAAQ

Cet examen théorique est plutôt facile, mais il faut être prêt quand même.

Je ne sais pas si les questions sont vraiment représentatives de la vie courante: parfois avec les schémas du dessus et les questions on se demande si on ne s’entraîne pas à mettre des contraventions depuis un hélicoptère…

Vous avez plusieurs séries de questions sur machine d’examen, à répondre à votre rythme, et vous devez répondre juste au quota de bonnes réponses exigées sans dépasser un certain nombre d’erreurs. Notez qu’après avoir eu assez de bonnes réponses, l’examen s’arrête de suite, on ne vous teste pas plus pour savoir si vous auriez répondu correctement aux suivantes.

Ce n’est pas grave de râter, mais faut reprendre RDV 28 jours plus tard au plus tôt et repayer des frais minimes. Essayez de réussir du premier coup, mais ne vous mettez pas une pression inutile et ne retardez pas pour rien la suite du processus.

Préparez-vous avec le test de connaissance gratuit en ligne de la SAAQ, en plus des ressources que pourrait vous proposer votre école de conduite.

Astuce: l’examen théorique est le même dans tous les centres d’examens, parfois regarder les autres centres d’examen permet d’avoir un RDV le jour qui arrange… Par exemple quelqu’un de Montréal peut parfois trouver ça intéressant de passer l’examen à Laval (faites juste attention aux zones tarifaires du métro si c’est ce que vous utilisez pour y aller).

L’examen pratique

L’examen pratique est l’examen final qui vous donne le permis probatoire (le permis de conduire pour nouveau conducteur).

Là encore, ne vous mettez pas trop de pression, au Québec ce n’est pas un drame d’échouer, il faut repayer les frais, reprendre un RDV d’examen au minimum 28 jours plus tard, et c’est tout.

Les écoles de conduites ne sont pas stressées comme en France, une fois le document de fin de formation remis (typiquement facile), l’école ne va pas vous empêcher de vous présenter, vous prenez vous-même les rdv d’examen à la SAAQ, c’est à l’examinateur de filtrer qui obtient le permis, il n’y a pas cette histoire de rendez-vous en fonction de quelle école vous venez et de statistiques…

Honnêtement à 32$, les frais de la SAAQ sont minimes. Par contre vous devez apporter la voiture d’examen à chaque examen, ou en louer une avec un type de contrat spécial pour cet usage, mais même avec ça, le coût d’un échec reste très acceptable.

Pour bien vous préparer, l’idéal est de faire de la pratique sur les itinéraires connus autour des centres d’examen. Ça ne rentrera pas forcément dans vos 15 heures de pratique obligatoires, mais vous pouvez faire du perfectionnement en plus. Selon l’emplacement de l’école de conduite, il pourrait être pertinent de prendre un bloc de 2 heures pour ça.

Là encore vous pouvez choisir le centre d’examen, mais mieux vaut choisir celui dont vous connaissez les alentours…

Une fois l’examen réussi, vous devrez payer des frais pour le permis probatoire qui vous donne pleinement le droit de conduire sans accompagnateur (avec parfois certaines limitations la nuit sur les passagers de moins de 19 ans en dehors de votre famille).

Il se posera aussi la question de savoir à quel point vous êtes prêt à conduire seul, mais c’est une question que vous aurez la liberté de gérer vous-même. Rien ne vous interdit de prendre du perfectionnement si vous avez obtenu le sésame sans être sûr que vous avez un niveau suffisant.

L’autoroute

En soit ce n’est pas compliqué l’autoroute, bien au contraire… Mais c’est souvent ignoré dans la pratique obligatoire, tout simplement car n’y en a pas à l’examen. N’hésitez pas à demander de la pratique supplémentaire si vous en avez la nécessité.

Surtout vous devez savoir gérer votre entrée et votre sortie… La voie d’accélération est faite pour accélérer franchement avant de s’insérer à une vitesse similaire au trafic.

Les choses avec lesquelles il ne faut pas plaisanter

Zéro alcool ou “reste d’alccol” au moment de prendre le volant, et ce pendant plusieurs années après quoi il faut être sous la limite quoique zéro à vie c’est mieux.

Zéro conduite sous drogue ou avec des restes. Zéro conduite avec médicaments incompatibles sur prescription.

Si vous faites l’erreur d’avor un cours de pratique le lendemain d’une soirée arrosée avec un calcul incertain sur l’élimination d’alcool, appelez et annulez votre cours, même avec des frais d’annulation tardive c’est mieux que de prendre un risque.

À noter qu’il y a des dispositions du code de la sécurité routière et d’autres criminelles (avec différents seuils).

Certains se voient interdire d’accès au Canada à cause de ce genre de bêtises (même commises à l’étranger). Le risque pour un étranger n’est pas uniquement de perdre le droit de conduire.

Vidéos de préparation et de conseils à la conduite

Pour ma part, je trouve très bien faites les vidéos de la chaîne youtube Conduite Facile.

Vérifiez juste la langue de chaque vidéo (français, anglais ou espagnol). Si vous ne comprenez pas ce qui est dit, il y a typiquement la même vidéo dans la bonne langue.

Continuer à conduire après le permis

C’est bien de pouvoir continuer à conduire un minimum régulièrement après le permis.

Certains achèteront une auto, mais il faut reconnaître que c’est un coût. Je reviendrais probablement sur le sujet de l’achat d’une auto dans d’autres articles.

Néanmoins, ne vous privez pas de passer le permis au plus tôt, même sans être sûr de l’utiliser. Au pire reprenez librement du perfectionnement quelques années après s’il le faut.

Ne croyez pas qu’avoir le permis fait de vous un conducteur de même capacité que quelqu’un conduisant tous les jours depuis 10 ans. Une partie de l’apprentissage se fait avec l’expérience.
Vous n’aurez pas de “rond A” comme en France pour signifier que vous êtes nouveau conducteur mais le fait de démarrer avec une capacité restreinte de points d’inaptitude avant suspension devrait quand même vous inciter à être rigoureux plus sur les règles que d’autres personnes que vous voyez conduire autour de vous…

Sachez que dans un certain nombre de villes au Québec dont Montréal, Gatineau, Laval, Québec, Sherbrooke, vous avez accès à Communauto, un service d’autopartage. Il y a du bon et du moins bon avec ce service mais honnêtement si vous n’avez pas d’auto ça vaut la peine de s’y inscrire dès que vous avez obtenu le permis probatoire permettant de conduire seul.